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pourquoi le méconnaîtrions-nous cet objet si nécessaire au bonheur ? pourquoi préférerions-nous de dire, avec l’homme égaré, il n’est point de Dieu, tandis que le cœur de l’homme raisonnable nous offre à tout instant des preuves de l’existence de cet être divin ? Vaut-il donc mieux rêver avec les fous, que de penser juste avec les sages ? Tout découle néanmoins de ce premier principe : dès qu’il existe un Dieu, ce Dieu mérite notre culte ; et la première base de ce culte est incontestablement la vertu.

De ces premières vérités, Justine déduisait facilement les autres, et Rosalie, déiste, était bientôt chrétienne ; mais quel moyen de joindre un peu de pratique à la théorie ? Rosalie, contrainte d’obéir à son père, ne pouvait tout au plus que montrer du dégoût à porter la chaîne qu’il lui imposait ; et avec un homme comme Rodin, cela ne pouvait-il pas devenir dangereux ? Il était intraitable, aucun des systêmes pieux et moraux de Justine ne tenait contre lui ; mais si elle ne réussissait pas à le convaincre, au moins ne l’ébranlait-il pas.

Pendant que Justine cherchait à convertir la fille de la maison où elle était, Rodin ne