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l’intéressante créature fait de profondes réflexions sur la méchanceté des hommes, et sur-tout sur celle des libertins assez dépravés pour sacrifier tout au plaisir d’éjaculer leur foutre un peu plus chaudement, nous allons donner au lecteur une idée succincte, et du personnage chez lequel elle était, et des motifs de l’agréable réception qu’elle avait reçue.

Rodin, maître du logis, était un homme de trente-six ans, brun, le sourcil épais, l’œil vif, l’air vigoureux, bandant fort dur, la taille haute, bien prise, l’air de la force et de la santé, mais en même-tems du libertinage. Très-au-dessus de son état, Rodin, n’exerçant la chirurgie que par goût et l’institution que par raison de luxure, possédait, indépendamment des fruits de sa profession, environ vingt mille livres de rente. Une sœur belle comme un ange, et dont nous allons parler tout-à-l’heure, remplaçait près de lui, dans toute l’étendue du terme, l’aimable épouse, que depuis près de dix ans lui avait enlevé la mort. Une très-jolie gouvernante et Rosalie sa fille, partageaient les faveurs de cet impudique. Essayons, s’il se peut, de peindre ces objets.