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dépit de toutes les résistances de cette malheureuse, dans le cœur de la triste Bressac, qui expire, en demandant à Dieu la grace de son fils. Tu vois le meurtre que tu viens de commettre, dit le barbare Bressac à Justine, presque sans connaissance, et mouillée du sang de sa maitresse ; tu le vois, peut-il exister au monde une plus effrayante action ? Tu en seras punie… il le faut… tu seras rouée vive, tu seras brûlée ; et la poussant dans une chambre voisine, il l’y enferme, en plaçant le poignard tout sanglant auprès d’elle : il ouvre ensuite le château, joue la douleur et les larmes, dit qu’un monstre vient d’assassiner sa mère, qu’il a trouvé l’arme dans la chambre de cette scélérate, qu’il l’y tient enfermée, et qu’il réclame avec diligence tous les secours de la justice. Mais un Dieu protecteur sauve ici l’innocence ; la mesure n’était pas remplie, et c’était par bien d’autres épreuves que la malheureuse Justine devait accomplir ses destins. Bressac, égaré, croit avoir bien fermé la porte, elle ne l’est pas ; Justine profite du moment où tout ce train est dans la cour du château ; elle sort rapidement, s’évade par les jardins, trouve la porte du parc entr’ouverte, et la voilà dans la forêt.