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de Sonzeval, de se mettre à la tête de la succession de l’oncle dont on venait d’hériter, parce que si personne ne paraissait sur-le-champ, il y aurait des procès à craindre ; elle ajouta qu’elle engageait ce parent à venir lui rendre compte de la négociation, afin qu’elle se décidât à partir elle-même avec son fils, si l’affaire l’exigeait.

Mais Bressac, trop bon phisionomiste pour ne pas démêler l’embarras qui régnait sur le visage de sa mère, pour ne pas observer un peu de confusion sur celui de Justine, se paya de tout et ne crut rien. Sous le prétexte d’une chasse, il s’éloigne du château ; il attend le courrier dans un lieu où il doit nécessairement passer : cet homme, bien plus à lui qu’à sa mère, ne fait aucune difficulté de lui remettre ses dépêches, et Bressac, convaincu de la trahison de Justine, donne cent louis au courrier, avec ordre de ne jamais reparaître chez sa mère ; il revient, la rage dans le cœur, renvoie tous les domestiques à Paris, et ne garde au château que Jasmin, Joseph et Justine. À la fureur qui régnait dans les yeux de ce scélérat, notre malheureuse orpheline pressentit bientôt tous les malheurs dont sa maîtresse et elle allaient être accablées ; ce-