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froyables convulsions. Madame de Bressac ne pouvant plus douter, prit un parti ; elle ordonna à Justine de lui donner le reste du poison et écrivit sur-le-champ à monsieur de Sonzeval son parent, de se rendre en secret chez le ministre, d’y développer l’atrocité d’un fils dont elle était à la veille de devenir victime, de se munir d’une lettre-de-cachet, et d’accourir à sa terre la délivrer le plutôt possible, du monstre qui complotait aussi cruellement contre ses jours.

Mais cet abominable crime devait se consommer ; il fallait encore cette fois-ci que, par une inconcevable permission du ciel, la vertu cédât aux efforts de la scélératesse : l’animal sur lequel on avait opéré découvrit tout. Bressac l’entendit hurler ; il demanda ce qu’on lui avait fait : ceux auxquels il s’adressait ignorant tout, ne répondirent rien de positif. De ce moment, ses soupçons s’accrurent ; il ne dit mot, mais il se troubla ; Justine fit part de cet état à la marquise, qui s’en inquiéta davantage, sans pouvoir néanmoins imaginer autre chose que de presser le courrier et de mieux cacher encore, s’il était possible, l’objet de sa mission ; elle dit à son fils qu’elle envoyait en diligence à Paris prier monsieur