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jugal, ne soit l’unique motif qui l’y détermine : ce fait établi, je demande par où la reconnaissance peut naître dans le cœur, du fruit de cet acte égoïste ? la mère, en s’y livrant, a-t-elle alors travaillé pour elle ou pour son enfant ? Je ne crois pas qu’une telle chose puisse se mettre en question. Cependant l’enfant naît, la mère le nourrit ; sera-ce dans cette seconde opération que nous découvrirons le motif du sentiment de reconnaissance que nous cherchons ? assurément non. Si la mère rend ce service à son enfant, ne doutons point qu’elle n’y soit entraînée par le sentiment naturel qui la porte à se dégager d’une sécrétion, qui, sans cela, pourrait lui devenir dangereuse ; elle imite les femelles des bêtes que le lait tuerait comme elle, si comme elles ce procédé ne l’en dégageait aussi-tôt ; or, les unes et les autres peuvent-elles s’en dégager autrement, qu’en le laissant sucer à l’animal qui le desire, et qu’un autre mouvement naturel rapproche également du sein ? Ainsi, ce n’est point un service que la mère rend à l’enfant quand elle le nourrit, c’est, au contraire, celui-ci qui en rend un très-grand à sa mère, obligée sans cela d’avoir recours à des moyens artificiels, qui la