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loix de la nature ; si d’un côté les élémens agissent sans aucun égard aux intérêts particuliers des hommes, de même les hommes sont livrés à leurs propres jugemens dans les différens chocs de la matière, et peuvent employer toutes les facultés dont ils sont doués, à pourvoir à leur conservation et à leur bonheur ; comment ose-t-on dire, d’après cela, qu’un homme qui se défait, ou de celui qui l’a outragé, ou de celui que ses passions condamnent, puisse encourir, par ce procédé, l’indignation de la nature, qui elle-même lui a suggéré ce mouvement ? Comment peut-on dire, qu’aveugles instrumens des volontés de la nature, il puisse en usurper les droits ? Dirons-nous qu’elle s’est réservée, d’une manière spéciale, celui de disposer de la vie des hommes, et qu’elle n’a pas soumis cet événement, ainsi que les autres, aux loix générales par lesquelles sa main règle l’Univers. La vie de l’homme, persuadons-nous-le bien, dépend des mêmes loix que celles des animaux, l’une et l’autre de ces existences sont soumises aux loix générales de la matière et du mouvement. Or, comment ose-t-on dire que l’homme peut disposer de la vie des bêtes, et qu’il ne le peut de