Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/228

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

croyant à la fin sûr d’elle, osa lui dévoiler ses perfides desseins.

On était pour-lors à la campagne, et Justine seule auprès de sa maîtresse, la première femme ayant obtenu de passer l’été à Paris pour quelques affaires de son mari ; un soir, peu après que cette belle fille fut retirée, tout-à-coup Bressac frappe à la porte, et la prie de le laisser un instant causer avec elle ; hélas ! tous ceux que lui accordait le cruel auteur de ses maux lui paraissaient trop précieux pour qu’elle osât en refuser aucun. Il entre, ferme avec soin la porte, et se jetant à ses côtés, dans un fauteuil ; écoute-moi Justine, lui dit-il, avec un peu d’embarras, j’ai des choses de la plus grande conséquence à te dire : jure-moi que tu n’en révéleras jamais rien. — Oh ! monsieur, pouvez-vous me croire capable d’abuser de votre confiance. — Tu ne sais pas ce que tu risquerais si tu venais à me prouver que je me suis trompé en te l’accordant. — Le plus affreux de tous mes chagrins, serait de l’avoir perdue, je n’ai pas besoin de plus grandes menaces. Ma chère, poursuivit Bressac, en saisissant les mains de Justine, cette mère que je déteste, — eh bien ! — je l’ai condamnée