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ait pu craindre un moment d’être supplanté par le bâtard d’une putain, venu au monde dans une étable. Il est fâcheux qu’aucun historien ne vienne à l’appui de votre prétendu massacre des Innocens ; il serait fort à désirer pour l’humanité, que ceux de la Saint-Barthélemy, de Mérindol, de Cabrières, etc., etc. fussent aussi douteux que ceux-là.

Mais, ce que j’espère me voir expliquer par vous, c’est la manière charmante dont le Diable emporte Dieu, et le perche sur une montagne, d’où l’on voyait toute la terre ; le Diable qui promet tous ces biens à Dieu, pourvu que Dieu adore le Diable, pourra peut-être scandaliser beaucoup d’honnêtes-gens pour lesquels je vous demande un mot de recommandation.

Quand vous vous marierez, Justine, vous voudrez bien me dire de quelle manière Dieu, qui allait aussi à la nôce, s’y prenait pour changer l’eau en vin, en faveur des gens qui étaient déjà ivres.

En mangeant des figues à votre déjeuner à la fin de juillet, vous voudrez bien me dire aussi, pourquoi Dieu, ayant faim, cherche aussi des figues au mois de mars, quand ce n’est pas le tems des figues ?