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peuple, au lieu de s’emparer de l’Egypte, dont tous les premiers nés avaient été mis à mort par Dieu même ? Comment la cavalerie de Pharaon poursuivit-elle ce peuple dans un pays où jamais cavalerie ne put agir ? et comment d’ailleurs Pharaon avait-il une cavalerie, puisque, dans la cinquième plaie de l’Egypte, Dieu avait spirituellement fait périr tous les chevaux ?

Comment un veau d’or put-il être formé dans huit jours ? et comment Moïse réduisit-il ce veau d’or en cendre ? Vous paraît-il encore bien naturel que vingt-trois mille hommes, dans le fond d’un désert, se laissent égorger par une seule tribut ?

Et que penserez-vous de l’équité divine, quand vous verrez que Dieu ordonne à Moïse, qui a pour femme une Madianite, de tuer vingt-quatre mille hommes, parce qu’un seul d’entre eux a couché avec une Madianite ? Ces Hébreux, qu’on nous peint si féroces, n’étaient-ils pas néanmoins de bonnes gens de se laisser égorger ainsi pour des filles ? Mais, dites-moi, je vous prie, peut-on s’empêcher de rire, en voyant que Moïse trouve trente-deux mille pucelles dans le camp Madianite, avec soixante-un mille ânes ? Il