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ment[1] ? N’est-il pas clair que votre plat Dieu est aussi mauvais physicien, que détestable géographe et ridicule chronologiste ?

Voulez-vous une nouvelle preuve de sa sottise ? Avec quel dégoût ne lisez-vous pas dans les livres qu’il dicte, que quatre fleuves, distans de mille lieues l’un de l’autre, prennent pourtant leur source dans le paradis terrestre ! Quelle est cette ridicule défense de manger du fruit d’un arbre dans un jardin dont on dispose ? Il y a bien de la méchanceté à Dieu de faire une pareille défense ; car il savait bien que l’homme succomberait ; c’est donc un piège qu’il lui tendait. Quel vil coquin que votre Dieu ! je ne le voyais que comme un imbécille ; mais, en le suivant d’un peu près, je le trouve un bien grand scélérat.

Comment trouvez-vous ce grand benêt d’Eternel qui vient promener, tête-à-tête avec Adam, Eve et le serpent, tous les jours à midi, et cela, dans le pays où le soleil est alors dans sa plus grande activité ? Pourquoi, quelque-tems après, cet original-là ne veut-

  1. Cette notion de firmament n’est qu’une fable grecque.