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la tyrannie du plus fort voulut captiver le plus faible ? Rempli de ce dessein, il osa dire à celui qu’il prétendait dominer, qu’un Dieu forgeait les fers dont sa cruauté l’entourait ; et celui-ci, abruti par sa misère, crut indistinctement tout ce que voulut l’autre. Les religions, nées de ces fourberies, peuvent-elles donc mériter quelque respect ? En est-il une seule qui ne porte l’emblême de l’imposture et de la stupidité ? Que vois-je dans toutes : des mystères qui font frémir la raison, des dogmes outrageant la nature, des cérémonies grotesques qui n’inspirent que la dérision et le dégoût ; mais, si de toutes, deux méritent plus particulièrement notre mépris et notre haine, ô Justine, ne sont-ce pas celles qui s’appuient sur ces deux romans imbécilles connus sous le nom d’ancien et de nouveau Testament. Parcourons un moment cet assemblage ridicule d’impertinences, de mensonges et de balourdises ; et voyons le cas qu’il en faut faire : ce seront des questions que je te ferai ; tu y répondras si tu peux.

Comment d’abord faut-il que je m’y prenne pour prouver que les Juifs, brûlés à l’inquisition par milliers, furent pendant quatre mille ans les favoris de Dieu ? Comment, vous