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neront toujours à votre profit, Justine se jette aux pieds de sa bienfaitrice ; elle l’assure qu’on aura lieu d’être contente d’elle ; et sur-le-champ on la met en possession de sa place.

Au bout de trois jours, les informations faites par madame de Bressac arrivèrent ; on en fut content : Justine fut louée de sa franchise, et toutes les idées du malheur s’évanouirent de son esprit, pour y faire place à l’espoir le plus doux ; mais il n’était pas écrit dans le ciel que cette chère fille dût jamais être heureuse, et si quelques instans de calme naissaient fortuitement pour elle, ce n’était que pour lui rendre plus amers ceux d’horreur qui devaient les suivre.

À peine fut-on de retour à Paris, que madame de Bressac s’empressa de travailler pour sa femme-de-chambre ; les calomnies de la Delmonse furent reconnues, mais on ne put l’atteindre : partie depuis quelques jours pour aller recueillir en Amérique une riche succession qui venait de lui écheoir, le ciel voulut qu’elle jouit de son crime en paix. Il y a tout plein d’occasions où son inconséquente équité ne s’appesantit que sur la vertu. Il ne faut pas oublier que nous ne publions ces faits que pour convaincre de cette vérité ; elle est