Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/158

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

heureuse enfant sans défense, darde avec une inexprimable fureur son glaive aux bords de ces prémices délicats, qui, destinés à n’être que le prix des amours, paraissent repousser avec horreur les exécrables entreprises de la scélératesse et du crime ; il triomphe à la fin, Justine est dépucelée. Oh ! quelle carrière le scélérat remplit ! C’est le tigre en courroux dépeçant la jeune brebis ; il lime, il pourfend, il blasphème, le sang coule, et rien ne l’arrête ; une impétueuse décharge appaise à la fin ses desirs, et le libertin, chancelant, s’éloigne, en regrettant qu’un crime, qui vient de lui donner autant de plaisir, ne puisse pas durer un siècle. À dix pas de là, ses sens se raniment ; il éprouve ce remord singulier qui bouleverse l’ame du scélérat, s’imaginant n’avoir commis qu’à moitié le forfait qu’il pouvait étendre ; il se souvient qu’il a laissé dans les poches de Justine les cent mille francs qu’il lui avait remis ; il vient les lui voler ; mais Justine, assise sur ses poches, ne peut être fouillée sans qu’on la retourne. Ciel ! que de nouveaux charmes s’offrent, malgré l’obscurité, aux regards enflammés de l’incestueux Saint-Florent ? Quoi ! dit-il, en considérant ce cul délicieux et frais,