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qui doive être à-la-fois plus redoutée… plus abhorrée des humains.

Que l’espoir ou la crainte d’un monde à venir, fruit de ces premiers mensonges, ne vous inquiète donc point, Justine ; cessez, surtout, de vouloir vous en composer des freins ; faible portion d’une matière vile et brute, à notre mort, c’est-à-dire, à la réunion des élémens qui nous composent, aux élémens de la masse générale, anéantis pour jamais, quelqu’ait été notre conduite, nous passerons un instant dans le creuset de la nature, pour en réjaillir sous d’autres formes ; et cela sans qu’il y ait plus de prérogatives pour celui qui aura follement encensé la vertu toute sa vie, que pour celui qui se sera vautré dans les crimes les plus affreux, parce qu’il n’est rien dont la nature s’offense, et que tous les hommes, également sortis de son sein, et n’ayant agi, quand ils étaient sur terre, que d’après les impulsions de cette mère commune, retrouveront tous, après leur existence, et la même fin et le même sort.

Oh ! monsieur, répondit Justine, confondue de ces raisonnemens : quoi, vous croyez que si, pendant qu’abusant hier de votre force pour violer et assassiner un malheureux en-