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l’immuabilité suppose l’impassibilité : or, un être impassible ne peut pas être vindicatif ; et vous prétendez pourtant que votre Dieu se venge. On frémit, en honneur, quand on voit la quantité de ridicules et d’inconséquences que vous prêtez à ce phantôme ; quand on examine à loisir toutes les qualités ridicules et contradictoires dont ses partisans sont obligés de le revêtir, pour en composer un être admissible, sans réfléchir que plus ils le compliquent, plus ils le rendent inconcevable, et que plus ils le justifient, plus ils l’avilissent ; vérifiez, Justine, vérifiez comme tous ces attributs se détruisent et s’absorbent mutuellement, et vous reconnaîtrez que cet être exécrable, né de la crainte des uns, de la fourberie des autres, et de l’ignorance de tous, n’est qu’une platitude révoltante, qui ne mérite de nous, ni un instant de foi, ni un moment de respect, une extravagance pitoyable qui répugne à l’esprit, qui révolte le cœur, et qui n’est sorti des ténèbres, que pour le tourment et l’humiliation des hommes. Exécrez cette chimère ; elle est épouvantable ; elle ne peut exister que dans l’étroite cervelle des imbécilles ou des frénétiques ; il n’en est point de plus dangereuse au monde, aucune