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cité de ce scélérat ; les premiers se changent bientôt en hurlemens, qui prouvent que le prudent coquin ne voulant laisser nulle trace de son crime, jouit à-la-fois, pour y parvenir, du double plaisir de foutre et d’assassiner l’objet de sa luxure. Il reparaît couvert de sang : allons, dit-il, calme-toi, Justine, me voilà tranquille à présent, sois-le de même jusqu’à ce que de nouveaux desirs viennent éveiller en moi de nouvelles horreurs. Décampons, mes amis, dit-il à la troupe, nous avons tué six personnes, les cadavres sont sur la route ; il se pourrait que dans peu d’heures il n’y eut plus ici de sûreté pour nous. Le butin se partage ; Cœur-de-Fer veut que Justine ait son lot ; il se monte à vingt louis ; on la force de les prendre ; elle frémit de l’obligation de garder un tel argent ; cependant on presse, chacun se charge, et la troupe part.

Le lendemain, les voleurs se croyant en sûreté dans la forêt de Chantilli, se mirent à compter leur argent, pendant que l’on préparait leur souper ; et n’évaluant qu’à deux cens louis la totalité de la prise, en vérité, dit l’un d’eux, ce n’était pas la peine de commettre six meurtres pour une si petite somme.

Doucement, mes amis, répondit la Dubois ;