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LA MARQUISE DE GANGE

pureté de sa conscience ne lui permit pas de tenir aussi rigoureusement sa parole.

Il y avait dans le château deux personnes dignes de sa confiance : l’une, madame de Roquefeuille ; mais celle-ci ne pouvait être instruite sans que de pareils aveux ne compromissent sa fille ; elle n’y pensa plus : l’autre, le père Eusèbe, accoutumé à diriger sa conscience. Ce vénérable personnage lui convint mieux à tous égards ; mais il ne fallait pas tout dire : révéler ce qui avait rapport à mademoiselle de Roquefeuille pouvait nuire à cette jeune personne, et au marquis de Gange, si par hasard les choses n’étaient pas exactes. Ces considérations délicates furent parfaitement senties par un esprit aussi juste que celui d’Euphrasie ; cependant son cœur était plein, il fallait absolument qu’il s’épanchât.

Après avoir donc fait prier Eusèbe de se rendre à la chapelle du château, et avoir accompli à ses genoux les obligations de ce sacrement saint et respectable, qui, réconciliant l’homme avec son Dieu, par la médiation salutaire de l’un de ses ministres, rétablit dans l’âme du pêcheur le calme que troublaient ses égarements ; grande et touchante institution de notre sainte religion, qui prévient ou suspend les effets du crime, en rendant digne de pardon celui qui l’avait projeté ; emblème révéré de l’immolation de l’Homme-Dieu, puisque nous retrouvons dans ce sacrement