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LA MARQUISE DE GANGE

deux jours dans la chapelle à la vénération publique… dans cette même chapelle où le marquis aperçut un jour des larmes couler de son portrait.

Tout le voisinage vint verser des pleurs sur celle dont les mains en avaient tant essuyé. Le troisième jour elle fut reconduite à Avignon et placée dans le tombeau de ses pères… Elle y respire encore : la vertu ne périt jamais.

Madame de Châteaublanc ne s’occupa plus que d’assurer la fortune de son petit-fils et de poursuivre les assassins de sa fille. Le marquis de Gange fut mis en prison et défendit lui-même sa cause. Comme il n’y avait sur lui que des soupçons et quelques indices, on se contenta de le dégrader de noblesse, de le bannir à perpétuité et de confisquer tous ses biens. Mais ces soupçons et ces indices devinrent presque des convictions quand on sut qu’il avait été se réunir au chevalier.

Quant à celui-ci et à l’abbé de Gange, assez près de la mer pour y trouver un esquif, ils s’y jetèrent et disparurent. Le parlement de Toulouse les condamna l’un et l’autre à être rompus vifs[1] et l’abbé Perret aux galères à perpétuité[2].

Le chevalier fut au siège de Candie ; le marquis ne tarda pas à l’y rejoindre, et ce fut là que tous

  1. Ce fut le 21 août 1667 que fut porté l’arrêt du parlement de Toulouse.
  2. Il mourut avant que d’y arriver.