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LA MARQUISE DE GANGE

qui fendent les flots ; des cris d’effroi partent du rivage… on aborde. Euphrasie n’a que le temps de s’habiller à la hâte et d’éveiller Julie : — Sauvons-nous, sauvons-nous, lui crie-t-elle ; quoi ! n’entendez-vous pas ce bruit effrayant ? on assiège les portes. Julie, qu’on n’avait point prévenue, se lève tremblante, et, tout en s’échappant au plus vite : — Rassurez-vous, madame, dit-elle à la marquise, ce n’est point à nous qu’on en veut. Je suppose que ce sont des pirates d’Alger qui viennent souvent ravager ces campagnes. Nous serons loin avant qu’ils n’entrent.

Mais à peine sont-elles hors des portes qu’elles entendent la maison que l’on force et dans laquelle on pénètre avec violence. Heureusement on ne trouve plus celles que l’on cherche, et les voilà bientôt dans la ville.

Le prétendu pirate n’était autre que le chevalier de Gange. Ne répétons pas le motif qui l’amène, on ne le connaît que trop. Croyant inutile de prévenir Julie, il avait imprudemment été cause d’une évasion à laquelle il était loin de croire. Ne trouvant personne, il retourne la même nuit à Marseille où nous le verrons bientôt reparaître pour exécuter l’autre partie du projet, à laquelle il s’imaginait bien que Julie travaillait, puisqu’elle qu’elle n’était plus dans la maison.

À l’égard de nos femmes, toutes deux s’avançaient avec une vitesse incroyable vers la maison