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LA MARQUISE DE GANGE

jeunes nobles avignonnais : Caumont, Théran, Darcusia, Fourbin, Senas, la reconnurent et la saluèrent, en souriant à son cavalier, que quelques-uns félicitèrent tout bas sur sa bonne fortune. La marquise crut même reconnaître le chevalier de Gange, et, comme elle voulait aller vers lui, Valbelle la retint en l’assurant qu’elle se trompait, et que, cela fût-il même, il valait mieux l’éviter que de le joindre, parce qu’avant toute explication le chevalier commencerait peut-être par blâmer sa conduite et s’en prendre à lui-même d’une démarche qui pourtant, ainsi que le voyait madame de Gange, n’avait d’autre motif que la décence et l’honnêteté. On poursuivit donc la promenade, et, les deux ou trois heures accordées à madame de Moissac pour ses recherches étant écoulées, on revint à l’hôtel de Valbelle.

Madame de Moissac était revenue. — J’ai eu bien de la peine, dit-elle, à trouver ce que je cherchais, mais à la fin j’ai réussi : c’est dans la maison même formant l’objet de la discussion qui a conduit madame de Châteaublanc ici, qu’elle se trouve logée, comme étant plus à portée là de traiter ce qui concerne cette affaire. On arrive à cette maison, qui est au nombre de celles qu’on appelle bastides[1] à Marseille, par une rue qui est au bout du Cours, et voilà les mots qui vous ont trompée dans la lettre. J’ai eu l’honneur de

  1. Nom des maisons de campagne qui entourent cette ville.