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LA MARQUISE DE GANGE

blanc a pris la voiture, s’élance à l’instant dans une qui part pour Marseille, et se fait descendre à l’adresse où elle suppose être le tendre objet de son inquiétude. Elle monte avec cette sorte de confiance qui va droit au but sans rien calculer. Quelle est sa surprise d’être reçue par monsieur de Valbelle, qui, neveu du célèbre marin de ce nom, occupe en ce moment la maison de son oncle, pour lors en expédition avec le duc de Vivonne.

— Par quel bonheur, madame, s’écria Valbelle, ai-je l’avantage de vous revoir aujourd’hui dans cette ville ? Euphrasie confuse ne sait que répondre : — Monsieur, dit-elle, sa lettre à la main, je croyais descendre chez ma mère qui vient de tomber malade dans cette ville. Il me semble que c’est bien de cette maison-ci qu’elle m’indique l’adresse. Valbelle s’empresse de lire l’article indiqué, et voit au bout du Cours, et non pas sur le Cours : il le fait observer à madame de Gange qui, mille fois plus émue, veut descendre à l’instant et chercher le logis indiqué. — Cette ville est grande, madame, dit Valbelle en la retenant : trouvez bon que je fasse faire moi-même cette recherche et que je vous supplée de ma maison jusque-là. — Monsieur, dit Euphrasie, vous me paraissez y être seul, et la décence s’oppose à ce que j’accepte votre honnêteté. — Non, madame, je ne suis pas seul, interrompit