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LA MARQUISE DE GANGE

franches coquettes : on peut se garantir de celles-ci, jamais des autres.,

Madame de Donis, maîtresse de l’abbé de Gange pendant trois ou quatre ans, parut à cet homme dangereux très propre à le servir dans l’un des perfides projets qu’il nourrissait contre sa malheureuse belle-sœur ; il lui en fit part ; madame de Donis, pour qui une fourberie ou une méchanceté devenait une jouissance, en trouvant qu’elle pouvait se livrer à celle-ci avec le mystère qu’elle mettait à tout ce qu’elle faisait, accepta sans balancer ; et ce qu’on va lire devint le résultat du complot dans lequel il parut essentiel d’associer le marquis.

Madame de Donis, qui, comme nous l’avons dit, était parvenue à en imposer à madame de Châteaublanc, vivait avec elle et sa fille dans la plus grande intimité. S’ouvrant un jour à celle-ci : — Je suis fâchée, lui dit-elle, de cette espèce de désunion qui paraît établie entre le marquis de Gange et vous. Sa manière d’être commence à faire jaser dans la ville ; et, notamment hier, chez le duc de Gadagne, on parut extrêmement surpris de ce qu’il ne daignait pas même loger avec vous. — Mais cela tient, dit madame de Gange, à quelques arrangements d’intérêt et de famille, qui n’altèrent en rien nos sentiments. Nous ne nous en aimons pas moins, pour occuper deux maisons au lieu d’une ; et j’espère que vous