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LA MARQUISE DE GANGE

à l’innocence tous les dégoûts, tous les tourments qui n’appartiennent qu’aux forfaits ? Mais vous m’offriez, ce me semble, votre médiation, vos services, pour me laver d’un crime imaginaire, si je voulais en commettre un réel ? — Je vous fais les mêmes offres, mais au même prix. — Ainsi, vous ne voulez être vertueux qu’en me rendant coupable ? — Prenez garde que l’action qui vous effraie est beaucoup moins répréhensible que celle que vous vous étiez déjà permise ; songez que vous absorbez un très grand délit par un fort médiocre. — Je ne vois aucune différence entre le mal que vous me reprochez et celui que vous voulez me faire commettre ; étant le frère de mon mari, ce mal me paraît même beaucoup plus grand. — Vous n’avez pas rendu justice à mes sentiments : je ne veux que votre cœur, madame, et nous avons la preuve que Villefranche en exigeait de vous davantage. — Je n’ai jamais eu de rapport avec Villefranche, et je ne veux aimer que mon mari : la première partie de mon raisonnement réfute votre accusation ; la seconde vous prouve l’impossibilité de la récompense que vous exigez pour prix de vos services. — Eh bien ! madame, restons comme nous sommes ; ma mission est remplie. Je devais vous faire les adieux de madame votre mère, je vous les fais ; si vous avez quelque chose de particulier à me dire pour elle et pour votre fils, je m’en chargerai