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LA MARQUISE DE GANGE

teau, dit-il en entrant. — Ma mère !… mon fils !… Oh ! grand Dieu ! quel rayon d’espérance vous faites luire à mes regards ! — Ne vous hâtez pas de les saisir, dit le perfide abbé ; ce rayon n’est pas aussi pur que vous paraissez le supposer. Madame de Châteaublanc est ici ; mais elle est outrée contre vous, et ne veut point absolument vous voir. Votre mari lui a fait lire les malheureuses pièces qui composent et qui prouvent vos crimes, et sa fureur est au comble. — Mais de quelles calomnies venez-vous donc me parler encore ? — Quoi ! vous niez toujours ? — Ne confondons rien, monsieur : l’acte du souterrain n’a été fait que pour conserver mes jours, et me donner par là les moyens de me justifier ; la lettre de Villefranche est fausse ; je ne l’écrivis jamais. — Pardon, madame ; mais une telle opiniâtreté vous condamne beaucoup plus qu’elle ne vous justifie : de la douceur, de la modération, des excuses vous conviendraient infiniment davantage ; elles prouveraient une belle âme, et le procédé contraire en fait voir une accoutumée au vice, qui croit annuler ses torts en les niant, et se mettre à l’abri de la punition ou de l’opprobre en rejetant sur les autres les horreurs dont elle est coupable. Ce comble de dissimulation, qui fait beaucoup perdre à l’accusé, ne lui fait jamais rien gagner. Ce n’est point ainsi que le repentir s’exprime, et le repentir seul touche