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LA MARQUISE DE GANGE

déserts, sansse soumettre à nos usages. — Ce n’est pas, ce me semble, avec l’habit que vous portez qu’on devrait dire de telles choses. — Cet habit, purement d’usage aux cadets de nos maisons, ne m’engage à rien, madame ; aucun nœud ne m’attache à l’Église. — Soit, mais revenons, je vous prie, à l’objet essentiel que nous traitions auparavant. Mon gendre et vous, monsieur, êtes donc tous deux bien convaincus que ma fille est coupable ? — Personne assurément n’en peut mieux répondre que nous. Son intrigue avec Villefranche durait depuis le fatal voyage de Beaucaire : lorsque ce jeune étourdi l’en ramène, un chef de brigands les arrête ; Villefranche est séparé d’elle, et votre fille, conduite dans le repaire de ce voleur, devient aussi coupable avec lui qu’elle vient de l’être avec son amant. Cette complicité de désordres arrive enfin à la connaissance de notre parent, monseigneur l’évêque de Montpellier ; il fait arrêter votre fille, et ne la rend enfin qu’à la considération qu’il veut bien avoir pour mon frère. Euphrasie revient enfin au château ; son séducteur ne tarde pas à s’y remontrer ; leur liaison recommence… Vous savez le reste, madame. — Mais, pour oser sur ma fille une vengeance semblable à celle qu’exerce son mari, ne faudrait-il pas, monsieur, être aussi sûr du crime dont on l’accuse qu’on l’est de sa propre existence ? — J’en conviens, madame ;