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LA MARQUISE DE GANGE

dont vous me parlez ; car, sans cela, ce que vous m’alléguez serait bien faible. Je ne vous cache pas même que ces procédés sont capables de me faire croire beaucoup plus à l’innocence de ma fille qu’aux crimes qu’on lui suppose ; et ce refus de me la faire voir est assurément ce qui prête encore bien plus de force à mes soupçons. N’importe, je ne dois me plaindre que de ma faiblesse : elle seule est cause de ma chute dans un piège aussi grossier ; et d’après cela, faites tout ce que vous voudrez, monsieur, je ne me plaindrai de rien que quand il en sera temps. Et mes devoirs, monsieur, comment les remplirai-je ? — Voilà monsieur l’abbé Perret, vicaire de la paroisse, madame, répondit Théodore, qui, dans l’absence du père Eusèbe, aumônier du château, vient célébrer ici le saint sacrifice tous les jours où l’Église en prescrit l’obligation aux fidèles. — Y verrai-je ma fille ? — Non, madame. — Elle ne va donc point à la messe ? — Elle prie dans sa chambre ; et quelque pieuse qu’elle soit, elle ne s’est point encore plainte de la rigueur que nous nous trouvons forcés d’observer envers elle. — Ainsi donc, les fautes que vous lui supposez, faussement peut-être, lui font commettre très réellement celles de manquer aux devoirs que sa religion lui impose. — On prie Dieu partout, madame, et ce pays, vous le savez, est rempli d’honnêtes gens qui l’invoquent au milieu des