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LA MARQUISE DE GANGE

condescendance que j’aurai pour tes rêveries. — À la bonne heure, je pense absolument comme toi ; et si cette épreuve-ci ne nous réussit pas, je te proteste de ne pas t’en demander une seconde. Mais pressons-nous, la nuit vient, et le jour qui nous reste suffit à peine pour éclairer, ou l’innocence, ou la honte de ton Euphrasie.

À peine entrés dans le labyrinthe, qu’un des arbres, ornés des devises dont nous avons parlé dans la description de ce dédale, offre celle-ci au marquis, qui s’y arrête z

Prends garde aux pièges des méchants.

— Cette devise est singulière, dit Alphonse, elle me frappe… Je ne m’en souvenais plus. — Elle me fait frémir, dit l’abbé ; ne serait-ce point là l’horoscope de notre démarche ? Et ce précieux avis ne viendrait-il pas à l’appui de mes soupçons ? — Cet avertissement est pour un de nous deux, dit Alphonse ; si tu es un méchant, je dois me méfier, de toi. — Avançons, dit Théodore… On poursuit… Les voilà près du lieu terrible où tout va s’éclaircir. — Va seul maintenant, dit l’abbé, je vais t’attendre ici : je ne veux pas qu’on puisse croire que j’aie provoqué une démarche que toi seul as le droit d’entreprendre. Va donc, mais sois prudent : aucun mal à découvrir une faute, beaucoup à la punir soi-même ; cette justice n’appartient qu’aux tribunaux ;’laisse-leur-en