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LA MARQUISE DE GANGE

de me faire perdre l’estime et la tendresse que j’eus toujours pour elle.

Quoique ces premières ouvertures fussent faites pour jeter un peu de froid entre ces deux personnages, l’abbé, qui sentit que l’intérêt de ses manœuvres exigeait de se bien tenir avec cette femme, continua d’être aimable, sans revenir sur un sujet aussi sérieux.

Madame de Châteaublanc partit au bout de quinze jours, sans faire aucune révélation de ce qui s’était passé entre elle et Théodore, et malheureusement sous un rapport, quoique très heureusement sous un autre, Villefranche n’avait rien fait de ce qui eût pu légitimer les soupçons que l’abbé eût été fort aise de faire naître dans l’âme de la mère d’Euphrasie.

Ce fut à cette époque que le marquis reçut une lettre du chevalier de Gange, son frère, datée de Nice, où son devoir l’enchaînait encore. Il donnait à Alphonse, dans cette lettre, l’assurance de le revoir bientôt ; le désir qu’il avait de faire connaissance avec une belle-sœur dont il entendait dire tant de bien lui ferait expédier au plus tôt toutes les affaires qui pourraient encore retarder ce plaisir.

Ce nouveau personnage, dont il est temps de donner une idée, vu l’importance du rôle que nous lui verrons bientôt remplir, était le plus eune de la famille ; plus méchant qu’on ne verra