Page:Sade - La marquise de Gange, Pauvert, 1964.djvu/112

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
102
LA MARQUISE DE GANGE

beaucoup de monde, auxquels, ainsi qu’à vous, nous n’avons fait que des politesses. Nous prions tous ces honnêtes gens de répandre notre conversion dans le public : ils ont promis de nous servir de témoins et de défenseurs. Honorez-nous de la même grâce… Vous, monsieur le comte de Villefranche, que nous connaissons à merveille, vous avez tout le crédit nécessaire pour nous sauver des peines que nous avons méritées : allez à Montpellier, sollicitez pour nous ; nous garderons votre dame en dépôt jusqu’à ce que, muni des faveurs que nous demandons, vous veniez vous-même la retirer de nos mains. Croyez que, jusque-là, les plus grandes attentions et le plus grand respect guideront toutes nos démarches envers elle ; mais, il est bon de vous en prévenir, elle est le prix de notre grâce ; elle ne vous sera rendue qu’à cette condition. Villefranche veut parler, on l’en empêche. La marquise fait de son côté tout ce qu’elle peut pour s’opposer à ce parti et pour que Villefranche ne l’abandonne pas : tout est inutile, le comte doit céder ; il part, deux brigands l’escortent, et la marquise, au sein des pleurs et des alarmes, reste seule avec les quatre autres.

Pour n’avoir plus à nous occuper que de madame de Gange, nous dirons de suite à nos lecteurs que ce ne fut point à Montpellier que Villefranche fut conduit, mais aux portes d’Avignon, où on le déposa, en lui disant que tout ce qu’on