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INTRODUCTION

d’auteur et d’acteur lui furent très utiles lorsque enfermé à Charenton il leur dut un adoucissement à sa captivité. Les pièces suivantes, empruntées à l’ouvrage du docteur Cabanes (Le Cabinet secret de l’histoire, 4e série), montrent que le marquis de Sade savait organiser ces représentations qui étaient suivies avec beaucoup d’assiduité par des personnes de la meilleure compagnie.

« L’auteur de Justine, dit le docteur Cabanes, obéissait à sa vocation pour le théâtre en donnant ces représentations qui étaient d’ailleurs fort suivies, et auxquelles les dames du meilleur monde ne rougissaient pas d’assister. Les deux lettres suivantes[1] montrent que le directeur de l’établissement laissait au marquis toute latitude pour organiser comme il l’entendait le spectacle.


« Madame Cochelel, dame de la Reine de Hollande.
« Spectacle du 23 mai 1810.
« Madame,

« L’intérêt que vous avez paru prendre aux récréations dramatiques des pensionnaires de ma maison me fait une loi de vous offrir des billets à chacune de leur représentation.

« Des spectatrices telles que vous, madame, sont d’une si grande puissance sur leur amour-propre qu’ils trouvent, rien que dans l’espoir de vous posséder et de vous plaire, tout ce qui doit exalter leur imagination et nourrir leur talent.

« Ils donnent, lundi prochain 28 du courant, l’Esprit de contradiction, Marlon et Frontin et les Deux Savoyards.

« J’attends vos ordres pour l’envoi des billets que vous pourriez désirer, et vous supplie de vouloir bien présenter mes respects aux dames de la cour de Sa Majesté la reine de Hollande, princesse dont les qualités rares et précieuses réunissent si délicieusement près d’elle le cœur de tous les Français à l’hommage sacré de ceux qu’elle régit.

« Sade. »
  1. Publiées par la Revue anecdotique, nouvelle série, t. I, premier semestre 1860, pp. 103-106. (Note du docteur Cabanes.)