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L’ŒUVRE DU MARQUIS DE SADE

« Pardon d’une aussi longue lettre, citoyen représentant, mais je crois que les détails qu’elle contient ne déplairont pas à quelqu’un qui, comme vous, aime autant la République et les arts ; permettez que je la termine en vous offrant l’hommage de ma plus respectueuse reconnaissance. « Salut et vénération.

« Sade.

« Ce 9 vendémiaire an 8. »


Goupilleau dut faire d’aimables démarches. Voici une nouvelle lettre du marquis datée du 30 octobre :

« 8 brumaire an 8.

« Sade a l’honneur d’assurer le citoyen Goupilleau de son respect ; il le supplie d’avoir la complaisance de se charger de ces deux pétitions, l’une pour la commission chargée des radiations, l’autre pour le ministre de la justice.

« Il attend le jour que le citoyen Goupilleau voudra bien lui indiquer pour la lecture du Siège de Beauvais; il faut que la pièce soit lue par l’auteur lui-même. Sade sera bien fort aise que le citoyen Goupilleau réunisse chez lui, ce jour-là, quelques personnes aussi en état d’en juger que le citoyen représentant. Si elle plaît, il faut que le gouvernement la fasse jouer d’autorité comme pièce patriotique. Sans cela rien ne finira, et le moment où il est bon de la donner passera ; nos victoires la vieillissent déjà un peu.

« Salut et respect.

« Sade. »


Au mois de septembre 1799, la police intervint pour interdire un drame intitulé Justine ou les Malheurs de la Vertu, qui sans doute était de lui et que l’on allait représenter sur le théâtre Sans-Prétention.

Nous avons vu que de Sade parut sur la scène, en public, dans une de ses pièces, à Versailles ; peut-être a-t-il même été jouer le même rôle à Chartres. En effet, il était bon comédien et brillait surtout dans les rôles d’amoureux. Il y avait de la sensibilité dans son jeu et de la noblesse dans son maintien. Il avait pris des leçons de Molé. L’on donna parfois la comédie chez le marquis lorsqu’il habitait avec sa Justine, rue du Pot-de-Fer-Saint-Sulpice. Son goût pour le théâtre, ses talents