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INTRODUCTION

avec toute l’ampleur que comportait un tel sujet. Ensuite, le papier a du lui manquer.

Les autres parties, la deuxième avec la Chanville et ses 150 « passions doubles », la troisième avec les 150 perversions criminelles de la Marlaine et la quatrième avec les 150 perversions meurtrières de la Desgranges, sont abrégées, on pourrait dire esquissées. La Duclos parle en novembre, la Chanville en décembie, la Martaine en janvier, la Desgranges en février. Les récits se terminent le dernier jour, et l’on finit en massacrant les dernières victimes. D’ailleurs, voici le Compte du total :

Massacrés avant le 1er mars dans les orgies 
 10
Depuis le 1er mars 
 20
Et ils s’en retournent 
 16

C’est là le résumé d’une œuvre qui, selon l’opinion du docteur Duehren, met le marquis de Sade au premier rang des écrivains du XVIIIe siècle, et dans laquelle il donne une explication scientifique de toutes les manifestations qui ressortissent à la psychopathie sexuelle.

Le docteur Duehren connaît encore du marquis de Sade un assez long canevas pour un roman intitulé : Les journées de Florbelle ou la Nature dévoilée, suivies des Mémoires de l’abbé de Modore. Ce roman devait former un certain nombre de tomes. Dans le premier tome, il devait y avoir des dialogues sur la religion, l’âme, Dieu.

Au deuxième tome, l’action se passe dans un bosquet de myrtes et de roses ; il y a des dialogues sur l’art du plaisir.

Au troisième tome se trouve un projet d’établissement de trente-deux maisons de plaisir à Paris.

Au quatrième tome, on trouve les vingt-quatre premiers chapitres de l’histoire de Modore.

Au cinquième tome, onze chapitres de la même histoire, avec le récit des cruautés exercées sur la malheureuse Eudoxie.

Au sixième tome, vingt-six chapitres de l’histoire de Modore, etc., etc.

À la fin, le marquis indique un autre titre pour l’histoire de Modore : Le triomphe du vice ou la Véritable histoire de Modore[1].

  1. Je ne donne pas ici l’analyse des ouvrages de Sade publiés