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INTRODUCTION

élevée comme si elle avait été sa maîtresse que comme sa fille, sans pouvoir cependant la dépouiller de sa bonté de cœur ni de sa pudeur.

Adélaïde, femme de Durcet et fille du président de Curval, est une beauté d’une autre sorte que la brune Constance. Ell a 20 ans ; elle est petite, blonde, sentimentale, romanesque. Elle a des yeux bleus. Ses traits respirent la décence. Elle a de beaux sourcils, un noble front, un petit nez aquilin, une bouche un peu grande. Elle est agréable à voir et penche un peu la tête sur son épaule droite. Cependant, elle est plutôt l’ « esquisse que le modèle de la beauté ». Elle aime la solitude et pleure en secret. Le président n’a pu détruire ses sentiments religieux. Elle prie souvent. Cela lui attire des corrections de son père et de son mari. C’est une bienfaitrice des pauvres, pour lesquels elle se sacrifie.

Julie, la femme du président, est l’aînée des filles du duc, elle est grande et élancée, un peu grasse. Elle a de beaux yeux bruns, un joli nez, des traits enjoués, des cheveux châtains, une vilaine bouche, des dent cariées qui, avec ses tendances à la malpropreté, lui ont attiré l’amour du président, qui a des goûts infects. Elle a voué à l’eau une inimitié éternelle. Gourmande et ivrognesse, elle est d’une insouciance complète.

Sa plus jeune sœur, Aline, en réalité fille de l’archevêque, n’a que 18 ans, un visage frais et piquant, un nez en l’air, des yeux bruns et animés, une bouche délicieuse, une taille ravissante, une jolie peau douce et légèrement brune. L’archevêque l’a laissée dans l’ignorance de tout, elle sait à peine lire et écrire, ne connaît pas le sentiment religieux, a des idées et des sentiments enfantins. Ses réponses sont imprévues et drôles. Elle joue sans cesse avec sa sœur, déteste l’archevêque et craint le duc « comme le feu ». Elle est paresseuse.

Ensuite vient le plan de l’ouvrage et les plaisirs imaginés par les quatre roués. Il est entendu chez de Sade que les sensations qui proviennent du langage des mots sont très puissantes. Les quatre roués décident de s’entourer de tout « ce qui pouvait satisfaire les autres sens par la lubricité » et de se faire raconter, « par ordre », toutes les dépravations, toutes les perversions sexuelles.

Après de longues recherches, les libertins trouvent quatre vieilles femmes qui ont beaucoup vu et beaucoup retenu. Elles