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INTRODUCTION

Il n’a pas encore été donné de portrait authentique du marquis de Sade. On a publié un médaillon fantaisiste, provenant de la collection de M. de La Porte, en tête du Marquis de Sade, par Jules Janin. — La Vérité sur les deux procès criminels du Marquis de Sade, par le bibliophile Jacob, le tout précédé de la Bibliographie des Œuvres du Marquis de Sade, Paris, chez les marchands de nouveautés, 1833 (fausse date, la brochure a été publiée plus tard), in-12 carré de VIII et 62 pages.

« Un autre portrait, dit M. Octave Uzanne (introduction à l’Idée des Romans), dans un entourage de démons, nous présente Sade avec un visage jeune ; cette gravure ridicule accuse la provenance de la collection de M. H. de Paris. Ce portrait est aussi faux que les autres[1]. »

Il existe un autre portrait, faux naturellement. Il a été fait sous la Restauration au moyen du médaillon de M. de La Porte, à quoi l’on a ajouté des faunes, un bonnet de folie, un martinet et, au bas, le marquis dans sa prison.

On a dit que, dans son enfance, son visage était si charmant que les dames s’arrêtaient pour le regarder. Il avait une figure ronde, des yeux bleus, des cheveux blonds et frisés. Ses mouvements étaient parfaitement gracieux, et sa voix harmonieuse avait des accents qui touchaient le cœur des femmes.

Des auteurs ont avancé qu’il avait un extérieur efféminé et que depuis son enfance il avait été inverti passif. Je ne pense pas que l’on ait des preuves de cette assertion.

Charles Nodier, dans ses Souvenirs, Épisodes et Portraits de la Révolution et de l’Empire, 2 tomes, Paris, Alphonse Levavasseur, éditeur, Palais-Royal, 1831 (T. II, Les prisons sous le Consulat, 1re partie. Le dépôt de la préfecture et le Temple), raconte qu’il le vit en 1803. (En réalité, cela se passa en 1802, ainsi que l’a fait remarquer M. d’Alméras.) Il coucha dans la même salle que lui, où ils étaient quatre prisonniers.

« Un de ces messieurs se leva de très bonne heure, parce qu’il allait être transféré et qu’il en était prévenu. Je ne remar-

  1. Il a paru comme frontispice à une édition de la Correspondance de Mme Gourdan.