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L’ŒUVRE DU MARQUIS DE SADE

bus X[1], de M. Henri d’Alméras[2], etc. La biographie complète du marquis de Sade n’a pas encore été écrite. Le temps, sans doute, n’est pas éloigné où, tous les matériaux ayant été rassemblés, il sera possible d’éclaircir les points encore mystérieux de l’existence d’un homme considérable sur lequel ont couru et courent encore un très grand nombre de légendes.

Les travaux entrepris ces dernières années en France et en Allemagne ont dissipé bien des erreurs. Il y en a encore beaucoup qu’il faudra redresser.

Donatien-Alphonse-Fançois, marquis et, plus tard, comte de Sade, naquit à Paris, le 2 juin 1740. Sa famille était une des plus anciennes de la Provence, et ses armoiries portaient « de gueules à une étoile d’or chargée d’une aigle de sable becquée et couronnée de gueules ». Il comptait au nombre de ses ancêtres Hugues III, qui épousa Laure de Noves, que Pétrarque a rendue immortelle.

Le marquis de Sade (nous continuerons à lui donner ce titre, que l’histoire lui a conservé) professa toujours pour le grand poète une admiration que les biographes n’ont pas encore signalée. Le marquis de Sade était sensible à la poésie, et l’on trouvera dans Les Crimes de l’Amour des témoignages de son goût pour le lyrisme de Pétrarque. À dix ans, le marquis de Sade fut mis au collège Louis-le-Grand. À quatorze ans, il entra dans les chevau-légers, d’où il passa, comme sous-lieutenant, au régiment du roi. Il devint ensuite lieutenant de carabiniers et gagna sur les champs de bataille, en Allemagne, pendant la guerre de Sept Ans, le grade de capitaine. D’après Dulaure (Liste des ci-devant nobles, Paris, 1790), le marquis de Sade aurait été à cette époque jusqu’à Constantinople. Réformé, il revint à Paris et se maria le 17 mai 1763. L’année suivante, il eut son premier enfant, un fils, Louis-Marie de Sade, qui, en 1783, était lieutenant au régiment de Soubise ; il émigra en 1791, se fit graveur à son retour en France, publia, en 1805, une Histoire de la Nation française, qui a des mérites et dans laquelle il manifeste une connaissance assez profonde

  1. Le marquis de Sade et son œuvre devant la science médicale et la littérature moderne, par le docteur Jacobus X. Paris, Charles Carrington, 1901.
  2. Henri d’Alméras. Le Marquis de Sade, l’homme et l’écrivain. Paris, Albin Michel (s. d.).