eſt le plus fort, ſacrifié par le premier qu’il offenſera,
s’il eſt le plus faible ; mais détruit de
toute maniere par la raiſon puiſſante qui engage
l’homme à aſſurer ſon repos & à nuire à ceux
qui veulent le troubler ; telle eſt la raiſon qui
rend preſqu’impoſſible la durée des aſſociations
criminelles, n’oppoſant que des pointes acérées
aux intérêts des autres, tous doivent ſe réunir
promptement pour en émouſſer l’aiguillon. Même
entre nous, Madame, oſé-je ajouter, comment
vous flatterez-vous de maintenir la concorde lorſque
vous conſeillerez à chacun de n’écouter que
ſes ſeuls intérêts ? Aurez-vous de ce moment quelque
choſe de juſte à objecter à celui de nous qui
voudra poignarder les autres, qui le fera, pour
réunir à lui ſeul la part de ſes confreres. Eh ! quel
plus bel éloge de la Vertu que la preuve de ſa néceſſité,
même dans une ſociété criminelle,… que
la certitude que cette ſociété ne ſe ſoutiendrait
pas un moment ſans la Vertu !
— C’eſt ce que vous nous oppoſez, Théreſe, qui ſont des ſophiſmes, dit Cœur-de-fer, & non ce qu’avait avancé la Dubois, ce n’eſt point la Vertu qui ſoutient nos aſſociations criminelles ; c’eſt l’intérêt, c’eſt l’égoïſme ; il porte donc à faux cet éloge de la Vertu que vous avez tiré d’une chimérique hypothèſe ; ce n’eſt nullement par vertu que me croyant, je le ſuppoſe, le plus fort de la troupe, je ne poignarde pas mes camarades