vidence que tu réveres n’eſt faite que pour nos
mépris, ou ce ne ſont point là ſes volontés. Connais-la
mieux, mon enfant, & convainc-toi que
dès qu’elle nous place dans une ſituation où le mal
nous devient néceſſaire, & qu’elle nous laiſſe en
même temps la poſſibilité de l’exercer, c’eſt que
ce mal ſert à ſes loix comme le bien, & qu’elle gagne
autant à l’un qu’à l’autre ; l’état où elle nous
a créés, eſt l’égalité, celui qui le dérange n’eſt
pas plus coupable que celui qui cherche à le rétablir ;
tous deux agiſſent d’après des impulſions reçues,
tous deux doivent les ſuivre & jouir.
Je l’avoue, ſi jamais je fus ébranlée, ce fut par les ſéductions de cette femme adroite ; mais une voix plus forte qu’elle combattait ſes ſophiſmes dans mon cœur, je m’y rendis, je déclarai à la Dubois que j’étais décidée à ne me jamais laiſſer corrompre ; eh bien ! me répondit-elle, deviens ce que tu voudras, je t’abandonne à ton mauvais ſort ; mais ſi jamais tu te fais pendre, ce qui ne peut te fuir, par la fatalité qui ſauve inévitablement le crime en immolant la vertu, ſouviens-toi du moins de ne jamais parler de nous.
Pendant que nous raiſonnions ainſi, les quatre compagnons de la Dubois buvaient avec le braconnier, & comme le vin diſpoſe l’ame du malfaiteur à de nouveaux crimes, & lui fait oublier les anciens, nos ſcélérats n’apprirent pas plutôt mes réſolutions, qu’ils ſe déciderent à faire de moi une