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ſur les pointes qui les ſupportent. Julien ſe place également dans lui ; obligée ſeule à ſupporter le poids de ces deux corps, & n’ayant d’autre appui que ces maudits nœuds qui me diſloquent, vous vous peignez, facilement mes douleurs ; plus je repouſſe ceux qui me preſſent, plus ils me rejettent ſur les inégalités qui me lacerent. Pendant ce tems, la terrible boule remontée juſqu’à mes entrailles les criſpe, les brûle & les déchire ; je jette les hauts cris : il n’eſt point d’expreſſions dans le monde qui puiſſent peindre ce que j’éprouve ; cependant mon bourreau jouit, ſa bouche imprimée ſur la mienne, ſemble reſpirer ma douleur pour en accroître ſes plaiſirs : on ne ſe repréſente point ſon ivreſſe ; mais à l’exemple de ſon ami, ſentant ſes forces prêtes à ſe perdre, il veut avoir tout goûté avant qu’elles ne l’abandonnent. On me retourne, la boule que l’on m’a fait rendre va produire au vagin le même incendie qu’elle alluma dans les lieux qu’elle quitte ; elle deſcend, elle brûle juſqu’au fond de la matrice : on ne m’en attache pas moins ſur le ventre à la perfide croix, & des parties bien plus délicates vont ſe moleſter ſur les nœuds qui les reçoivent. Cardoville pénétre au ſentier défendu ; il le perfore pendant qu’on jouit également de lui : le délire s’empare enfin de mon perſécuteur, ſes cris affreux annoncent le complément de ſon crime ; je ſuis inondée, l’on me détache.