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à les faire ; il n’en demeura pas la plus légère trace. Les lubricités ſe reprirent.

Il y avait des inſtans où tous ces corps ſemblaient n’en faire qu’un, & où Saint-Florent amant & maîtreſſe recevait avec profuſion ce que l’impuiſſant Cardoville ne prêtait qu’avec économie : le moment d’après n’agiſſant plus, mais ſe prêtant de toutes les manieres, & ſa bouche & ſon cul ſervaient d’autels à d’affreux hommages. Cardoville ne peut tenir à tant de tableaux libertins. Voyant ſon ami déjà tout en l’air, il vient s’offrir à ſa luxure : Saint-Florent en jouit ; j’aiguiſe les fleches, je les préſente aux lieux où elles doivent s’enfoncer, & mes feſſes expoſées ſervent de perſpective à la lubricité des uns, de plaſtron à la cruauté des autres : enfin nos deux libertins devenus plus ſages par la peine qu’ils ont à réparer, ſortent delà ſans aucune perte, & dans un état propre à m’effrayer plus que jamais. Allons, la Roſe, dit Saint-Florent, prends cette gueuſe, & rétrécis-la-moi ; je n’entendais pas cette expreſſion : une cruelle expérience m’en découvrit bientôt le ſens. La Roſe me ſaiſit, il me place les reins, ſur une ſellette ronde qui n’a pas un pied de diamètre ; là, ſans autre point d’appui, mes jambes tombent d’un côté, ma tête & mes bras de l’autre ; on fixe mes quatre membres à terre dans le plus grand écart poſſible ; le bourreau qui va rétrécir les voies s’arme d’une lon-