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plaiſir. D’ailleurs en accordant la grâce à celle qui va m’enflammer le plutôt, vous y procéderiez l’une & l’autre avec une telle ardeur, que vous plongeriez peut-être mes ſens dans l’extaſe avant que le ſacrifice ne fût conſommé, & c’eſt ce qu’il ne faut pas. — C’eſt vouloir le mal pour le mal, Monſieur, dis-je à Roland, le complément de votre extaſe doit être la ſeule choſe que vous deviez déſirer, & ſi vous y arrivez ſans crime, pourquoi voulez-vous en commettre ? — Parce que je n’y parviendrai délicieuſement qu’ainſi, & parceque je ne deſcends dans ce caveau que pour en commettre un. Je ſais parfaitement bien que j’y réuſſirais ſans cela, mais je veux ça pour y réuſſir ; & pendant ce dialogue m’ayant choiſie pour commencer, je l’excite d’une main par devant, de l’autre par derriere, tandis qu’il touche à loiſir toutes les parties de mon corps qui lui ſont offertes au moyen de ma nudité. — Il s’en faut encore de beaucoup, Théreſe, me dit-il en touchant mes feſſes, que ces belles chairs-là ſoient dans l’état de calloſité, de mortification où voilà celles de Suzanne ; on brûlerait celles de cette chere fille, qu’elle ne le ſentirait pas ; mais toi, Théreſe, mais toi… ce ſont encore des roſes qu’entrelacent des lis : nous y viendrons, nous y viendrons.

Vous n’imaginez pas, Madame, combien cette menace me tranquilliſa : Roland ne ſe doutait pas