rarement le courage eſt la vertu des traîtres : je
me leve tremblante, je me précipite à ſes genoux.
— Que faites-vous là, Théreſe, me dit-il ? — Oh !
Monſieur, puniſſez-moi, répondis-je, je ſuis
coupable, & n’ai rien à répondre, Malheureuſement
j’avais dans mon effroi oublié de déchirer la
lettre de la Comteſſe : il la ſoupçonne, il me la demande,
je veux nier ; mais Gernande voyant
cette fatale lettre dépaſſer le mouchoir de mon
ſein, la ſaiſit, la dévore, & m’ordonne de le
ſuivre,
Nous rentrons dans le château par un eſcalier dérobé donnant ſous les voûtes : le plus grand ſilence y régnait encore ; après quelques détours, le Comte ouvre un cachot, & m’y jette. — Fille imprudente, me dit-il alors, je vous avais prévenue que le crime que vous venez de commettre, ſe puniſſait ici de mort : préparez-vous donc à ſubir le châtiment qu’il vous a plu d’encourir. En ſortant de table, demain, je viendrai vous expédier : je me précipite de nouveau à ſes genoux, mais me ſaiſiſſant par les cheveux, il me traîne à terre, me fait faire ainſi deux ou trois fois le tour de ma priſon, & finit par me précipiter contre les murs de maniere à m’y écraſer. — Tu mériterais que je t’ouvriſſe à l’inſtant les quatre veines, dit-il en fermant la porte, & ſi je retarde ton ſupplice, ſois bien ſure que ce n’eſt que pour le rendre plus horrible.