bes, connus ſous le nom de Koreihs, enterraient
leurs filles dès l’age de ſept ans, ſur une montagne
auprès de la Mecque, parce qu’un ſexe auſſi
vil leur paraiſſait, diſaient-ils, indigne de voir le
jour ; dans le ſérail du Roi d’Achem, pour le ſeul
ſoupçon d’infidélité, pour la plus légère déſobéiſſance
dans le ſervice des voluptés du Prince,
ou ſitôt qu’elles inſpirent le dégoût, les plus affreux
ſupplices leur ſervent à l’inſtant de punition ;
aux bords du Gange elles ſont obligées de s’immoler
elles-mêmes ſur les cendres de leurs époux,
comme inutiles au monde, dès que leurs maîtres
n’en peuvent plus jouir ; ailleurs on les chaſſe comme
des bêtes fauves, c’eſt un honneur que d’en tuer
beaucoup ; en Égypte on les immole aux Dieux ; à
Formoſe on les foule aux pieds, ſi elles deviennent
enceintes ; les loix Germaines ne condamnaient
qu’à dix écus d’amende celui qui tuait une femme
étrangere, rien ſi c’était la ſienne, ou une courtiſane ;
par-tout, en un mot, je le répete, par-tout
je vois les femmes humiliées, moleſtées, par-tout
ſacrifiées à la ſuperſtition des prêtres, à la barbarie
des époux, ou aux caprices des libertins. Et parce
que j’ai le malheur de vivre chez un Peuple encore
aſſez groſſier pour n’oſer abolir le plus ridicule
des préjugés, je me priverais des droits que
la Nature m’accorde ſur ce ſexe ! je renoncerais
à tous les plaiſirs qui naiſſent de ces droits !…
Non, non, Théreſe, cela n’eſt pas juſte : je voilerai
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