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découvert tous les attraits voilés par ce vêtement. Après quelques légères careſſes ſur le même autel où le Comte ſacrifiait avec moi, il changea tout-à-coup d’objet, & ſe mit à ſuccer cet enfant à la partie qui caractériſait ſon ſexe. Il continuait de me toucher : ſoit habitude chez le jeune homme, ſoit adreſſe de la part de ce ſatyre, en très-peu de minutes, la Nature vaincue fit couler dans la bouche de l’un, ce qu’elle lançait du membre de l’autre. Voilà comme ce libertin épuiſait les malheureux enfans qu’il avait chez lui, dont nous verrons bientôt le nombre ; c’eſt ainſi qu’il les énervait, & voilà la raiſon de l’état de langueur où je les avais trouvés. Voyons maintenant comme il s’y prenait pour mettre les femmes dans le même état, & quelle était la véritable raiſon de la retraite où il tenait la ſienne.

L’hommage que m’avait rendu le Comte, avait été long ; mais pas la moindre infidélité au temple qu’il s’était choiſi : ni ſes mains, ni ſes regards, ni ſes baiſers, ni ſes déſirs ne s’en écarterent un inſtant ; après avoir également ſuccé l’autre jeune homme, en avoir recueilli, dévoré de même la ſemence : venez, me dit-il, en m’attirant dans un cabinet voiſin, ſans me laiſſer reprendre mes vêtemens ; venez, je vais vous faire voir de quoi il s’agit. Je ne pus diſſimuler mon trouble, il fut affreux ; mais il n’y avait pas moyen de faire prendre une autre face à mon ſort, il