Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 205 )


tant malgré moi me prêter à tout, & quand elle crut avoir triomphé, elle me renvoya dans mon cabinet, où Omphale me parla de la manière ſuivante.

« Toutes les femmes que tu as vues hier, ma chere Théreſe, & celle que tu viens de voir, ſe diviſent en quatre claſſes de quatre filles chacune ; la premiere eſt appellée la claſſe de l’enfance ; elle contient les filles depuis l’âge le plus tendre juſqu’à celui de ſeize ans ; un habillement blanc les diſtingue.

» La ſeconde claſſe, dont la couleur eſt le vert, s’appelle la claſſe de la jeuneſſe ; elle contient les filles de ſeize juſqu’à vingt-un ans.

» La troiſieme claſſe eſt ; celle de l’age raiſonnable ; elle eſt vêtue de bleu ; on y eſt depuis vingt-un juſqu’à trente, c’eſt celle où nous ſommes l’une & l’autre.

» La quatrieme claſſe vêtue de Mor-doré, eſt deſtinée pour l’âge mûr ; elle eſt compoſée de tout ce qui paſſe trente ans.

» Ou ces filles ſe mêlent indifféremment aux ſoupers des Révérends Pères, ou elles y paraiſſent par claſſe : tout dépend du caprice des Moines, mais hors des ſoupers, elles ſont mêlées dans les deux chambres, comme tu peux en juger par celles qui habitent la nôtre.

» L’inſtruction que j’ai à te donner, me dit Omphale, doit ſe renfermer ſous quatre articles

O 3