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nait comme dans l’autre piéce, par une fenêtre très-haute & toute garnie de fer. Les ſeuls meubles étaient un bidet, une toilette & une chaiſe percée. Je revins ; mes compagnes empreſſées de me voir, m’entourerent ; elles étaient ſept ; je faiſais la huitieme. Omphale demeurant dans l’autre chambre n’était dans celle-ci que pour m’inſtruire ; elle y reſterait ſi je le voulais, & l’une de celles que je voyais, la remplacerait dans ſa chambre ; j’exigeai cet arrangement, il eut lieu. Mais avant d’en venir au récit d’Omphale, il me paraît eſſentiel de vous peindre les ſept nouvelles compagnes que me donnait le ſort ; j’y procéderai par ordre d’âge, comme je l’ai fait pour les autres.

La plus jeune avait douze ans, une phyſionomie très-vive & très-ſpirituelle, les plus beaux cheveux & la plus jolie bouche.

La ſeconde avait ſeize ans ; c’était une des plus belles blondes qu’il fût poſſible de voir, des traits vraiment délicieux, & toutes les graces, toute la gentilleſſe de ſon âge, mêlées à une ſorte d’intérêt, fruit de ſa triſteſſe, qui la rendait mille fois plus belle encore.

La troiſieme avait vingt-trois ans ; très-jolie, mais trop d’effronterie, trop d’impudence dégradait, ſelon moi, dans elle, les charmes dont l’avait douée la Nature.

La quatrieme avait vingt-ſix ans ; elle était faite comme Vénus ; des formes cependant un peu trop

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