fait voir le ſpectre de la mort balançant ſa
faulx ſur ma tête ; mes genoux fléchiſſent…
Ici le langage du Moine change tout-à-coup, il
me ſoutient, en m’invectivant ; — Catin, me dit-il,
il faut marcher ; n’eſſaye ici ni plainte, ni réſiſtance,
tout ſerait inutile. Ces cruels mots me
rendent mes forces, je ſens que je ſuis perdue,
ſi je faiblis, je me releve… Ô Ciel ! dis-je à ce
traitre, faudra-t-il donc que je ſois encore la victime
de mes bons ſentimens, & que le déſir de
m’approcher de ce que la Religion a de plus reſpectable,
aille être encore puni comme un crime !…
Nous continuons de marcher, & nous nous engageons
dans des détours obſcurs dont rien ne
peut me faire connaître ni le local, ni les iſſues ;
Je précédais Dom Sévérino ; ſa reſpiration était
preſſée, il prononçait des mots ſans ſuite ; on l’eût
cru dans l’ivreſſe ; de temps en temps, il m’arrêtait
du bras gauche enlacé autour de mon corps,
tandis que ſa main droite, ſe gliſſant ſous mes jupes
par derrière, parcourait avec impudence cette partie
malhonnête qui, nous aſſimilant aux hommes,
fait l’unique objet des hommages de ceux qui préférent
ce ſexe en leurs honteux plaiſirs. Pluſieurs
fois même la bouche de ce libertin oſe parcourir
ces lieux, en leur plus ſecret réduit ; enſuite
nous recommencions à marcher. Un eſcalier
ſe préſente ; au bout de trente ou quarante marches,
une porte s’ouvre, des reflets de lumière
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