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ſans que j’euſſe encore apperçu dans lui rien qui pût bleſſer la pudeur, je ne crus pas devoir réſiſter. Mais Rodin avait d’autres projets, cette fois-ci ; quand il en eſt à l’objet de ſon culte, il paſſe une de ſes cuiſſes autour de mes reins, & l’appuye tellement, que je me trouve, pour ainſi dire, hors de défenſe. Théreſe, me dit-il alors en faiſant promener ſes mains de manière à ne plus me laiſſer aucun doute, vous voilà rétablie ; ma chere, vous pouvez maintenant me témoigner la reconnaiſſance dont j’ai vu votre cœur rempli ; la manière eſt aiſée, il ne me faut que ceci, continua le traître en fixant ma poſition de toutes les forces qu’il pouvait employer… Oui, ceci ſeulement, voilà ma récompenſe, je n’exige jamais que cela des femmes… mais, continue-t-il, c’eſt que c’eſt un des plus beaux que j’aie vus de ma vie… Que de rondeur !… quelle élaſticité !… que de fineſſe dans la peau,… Oh ! je veux abſolument en jouir… En diſant cela, Rodin, vraiſemblablement déjà prêt à l’exécution de ſes projets, pour achever de les accomplir, eſt obligé de me lacher un moment ; je profite du jour qu’il me donne, & me dégageant de ſes bras : Monſieur, lui dis-je, je vous prie de vous bien convaincre qu’il n’eſt rien dans le monde entier qui puiſſe m’engager aux horreurs que vous ſemblez vouloir. Ma reconnaiſſance vous eſt due, j’en conviens, mais je ne l’acquitterai pas au prix d’un crime. Je ſuis pauvre & très-mal-