& ce ſera pour moi une raiſon de plus pour m’intéreſſer
à vous. Quant à l’affaire de chez du Harpin,
je me charge de l’arranger en deux viſites
chez le Chancelier, mon ami depuis des ſiécles.
C’eſt l’homme le plus intègre qu’il y ait au monde,
il ne s’agit que de lui prouver votre innocence pour
anéantir tout ce qui a été fait contre vous. Mais
réfléchiſſez bien, Théreſe, que ce que je vous promets
ici n’eſt qu’au prix d’une conduite intacte ;
ainſi vous voyez que les effets de la reconnaiſſance
que j’exige tourneront toujours à votre profit ;
je me jettai aux pieds de la Marquiſe, l’aſſurai
qu’elle ſerait contente de moi : elle me
releva avec bonté & me mit ſur-le-champ en
poſſeſſion de la place de ſeconde femme-de-chambre
à ſon ſervice.
Au bout de trois jours les informations qu’avait faites Madame de Bressac, à Paris, arriverent ; elles étaient telles que je pouvais les déſirer ; la Marquiſe me loua de ne lui en avoir point impoſé, & toutes les idées du malheur s’évanouirent enfin de mon eſprit pour n’être plus remplacées que par l’eſpoir des plus douces conſolations qu’il pût m’être permis d’attendre ; mais il n’était pas arrangé dans le Ciel que la pauvre Théreſe dût jamais être heureuſe, & si quelques momens de calme naiſſaient fortuitement pour elle, ce n’était que pour lui rendre plus amers ceux d’horreur qui devaient les suivre.