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inutile aux loix qui vont émaner de la Convention Nationale : on vous a dit que vos Mandataires, revêtus de votre pouvoir, acquéroient, en vertu de cette seule délégation, et la puissance de créer des loix et celle de les sanctionner, c’est-à-dire, qu’ils devenoient juges dans leur propre cause. On vous l’a dit, et vous vous y soumettez. Oui, sans doute, vous vous y soumettez, puisqu’aucune réclamation ne se fait entendre ; c’est sur l’extrême danger de cette pétition de principes que je vous demande la permission de m’éclairer avec vous.

Jettons un instant les jeux en arriere, et voyons ce qui fit des Tyrans ; n’en doutons point, Citoyens, l’abus du pouvoir confié. Néron, Tibere, Venceslas, Charles IX, et Louis XVI ne répandirent le sang des hommes que parce qu’ils avoient abusé d’un pouvoir délégué ; les Tribuns, en un mot, ne firent trembler Rome que par l’abus d’un pouvoir confié ; l’Asie ne gémit sous d’horribles chaînes que par l’abus d’un pouvoir transmis ; l’autorité du Peuple réunie dans une ou dans plusieurs mains, voilà la source de l’aristocratie, voilà l’abus et les dangers de la communication d’une puissance, si vos Mandataires peuvent se passer de vous pour